jeudi 23 février 2017

Une résignation alarmante

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Pierre Pestieau

La lecture sans doute trop rapide du programme du candidat officiel du Parti socialiste français, Benoit Hamon, me laisse perplexe à propos de deux idées phares, à savoir son option pour une croissance zéro et sa résignation à laisser la France se robotiser.

Depuis de nombreuses années, la France et plusieurs de ses voisins connaissent une croissance nulle or la croissance nulle peut être un objectif de politique économique pour un gouvernement soucieux de développement durable et de protection de l’environnement. Il faut distinguer la croissance nulle subie et la roissance nulle voulue. La croissance zéro que nous subissons aujourd’hui avec ses conséquences en termes de chômage et d’inégalités n’est pas semblable à une croissance zéro que nous choisirions au nom de principes écologiques et plus largement moraux. L’idée n’est pas neuve. Il y a près de 50 ans le Club de Rome et des économistes du MIT défendaient cette idée (1).

Les livres de mes amis

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Victor Ginsburgh

Ils ne sont pas des Anatole France et leurs livres ne sont pas son Livre de mon ami. Mais ils sont mes amis, de vieux amis d’ailleurs, près de 60 ans de cheminement avec l’un, et au moins 40 avec l’autre. Le premier défend (pas trop, mais quand même un peu) la colonisation belge au Congo, où nous avons vécu tous les deux ; je ne partage pas entièrement son avis sur le bien qu’elle aurait pu apporter aux colonisés. Le deuxième est un homme constant de la gauche ; j’avoue que j’ai failli de temps à autre d’en être, mais suis revenu à de meilleurs sentiments.

André Schorochoff, m’a offert son livre. Par contre, j’ai dû acheter l’autre, celui de Mateo Alaluf (et Daniel Zamora). C’est bien la raison pour laquelle j’en parle en second lieu. On a beau être de gauche, 10 €, c’est 10

mercredi 15 février 2017

Les vérités alternatives de Donald

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Victor Ginsburgh

Lorsque M. Trump considère que quelque chose est vrai, cela devient la vérité (Sean Spicer, attaché de presse à la Maison Blanche) (1)

Donald flanqué de ses sbires à sa gauche (pas très nombreux) et à sa droite vient de faire une conférence de presse sur la disparition des dinosaures. Alors qu’aujourd’hui on pense que ces bestioles ont disparu il y a quelque 66 millions d’années, suite à des changements climatiques (des incendies sur toute la terre, suivis d’une année au moins sans lumière solaire (2)) provoqués par un astéroïde qui aurait percuté la terre.

Mais Donald propose quelques vérités ou réalités alternatives qui avaient été énoncées dans le passé (3) et qui sont bien plus vraies que la vérité. Même si ce qui suit n’est pas la vérité, cela pourrait un jour le devenir.

Superstructure

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Pierre Pestieau

Les sociologues aiment distinguer les types d’Etat providence. Citons deux taxonomies classiques. Il y a d’abord la typologie duale qui oppose deux grands modèles : l’État-providence bismarckien, créé en Allemagne en 1880, et l’État-providence béveridgien, apparu au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale. Le premier est fondé sur le mécanisme des assurances sociales, dans lequel les prestations sont la contrepartie de cotisations, tandis que le second, financé par l’impôt, fournit des prestations uniformes à tous les membres de la société. Il y a aussi  la typologie ternaire du sociologue danois Espingo-Andersen qui distingue trois modèles. D’abord, un modèle libéral dans lequel l’État n’intervient qu’en dernier recours et le rôle principal revient aux mécanismes de marché. Les pays archétypes de ce modèle sont le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie. Ensuite, le modèle familio-corporatiste où la qualité de la protection sociale dépend de la profession et des revenus, selon une logique d’assurance. La famille y joue un rôle prépondérant.  Relèvent  de ce modèle l'Autriche, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et la France. Enfin, le modèle social-démocrate qui vise à renforcer la possibilité d’une indépendance individuelle. Les principaux pays qui se rapprochent de ce modèle : Danemark, Finlande, Pays-Bas, Norvège et Suède.

mercredi 8 février 2017

Les deux plaies de l’Etat providence

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Pierre Pestieau

Comme on l’a souvent souligné le défi majeur auquel fait face l’Etat-providence est de progressivement s’adapter à une réalité changeante qu’il s’agisse de la structure familiale, de l’évolution démographique ou du marché du travail. Mais outre ce défi, l’Etat-providence semble connaître deux gros problèmes. D’abord, les personnes, les partis et les syndicats, qui sont censés en assurer la pérennité semblent souvent freiner des réformes pourtant nécessaires. En outre ceux qui devraient être les principaux bénéficiaires des programmes sociaux semblent témoigner par leurs opinions et leurs votes d’une méfiance croissante à l’égard de l’Etat providence. Il me semble essentiel de comprendre les raisons qui peuvent expliquer ces deux phénomènes, que l’on peut considérer comme les deux plaies dudit Etat-providence. C’est de cette compréhension que l’on pourra dégager une stratégie de contre-offensive.

Le consul et l’immigration « illégale »

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Victor Ginsburgh

Par un heureux hasard, je viens d’acheter, lors d’un court séjour à Paris, le petit livre de Salim Bachi, Le consul (1). En exergue, une phrase de Saint François d’Assise, celui qui parlait aux oiseaux, mais aussi aux hommes : « L’homme obéissant doit être comme un cadavre qui se laisse mettre n’importe où, sans protester ».

Ce consul, Aristides de Sousa Mendes, représentait le Portugal à Bordeaux en juin 1940, au moment de l’invasion de la France par Hitler. Il a donné, en quelques jours, des visas et des faux passeports à trente mille réfugiés de toutes provenances (dont 10.000 Juifs) pour leur permettre de passer la frontière espagnole, d’atteindre le Portugal, et de prendre un bateau en partance vers des destinations sans doute hasardeuses, mais plus enviables que la mort qui les attendait en France.

mercredi 1 février 2017

Un très bref hommage à Joe Biden

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Victor Ginsburgh

J’ai l’impression que l’on ne dira jamais assez de bien de Joe Biden (1), le vice-président sortant. Dans un très bel article (2) le journaliste Jonathan Alter parle de lui de façon admirable.

Il faut sans doute se rappeler que son fils Beau, qui mourait d’un cancer, lui avait demandé de se présenter à la présidence. Il avait sérieusement envisagé de suivre ses conseils mais au dernier moment il a senti que « pour tout ce qui m’est important dans un sens sacré, la décision finale était inévitable. Ma famille était brisée de douleur, et j’étais moi-même plus brisé que je ne le pensais. Je ne sais pas ce que j’aurais fait lors d’un débat au cours duquel un(e) des protagonistes m’aurait dit ‘Vous faites cela pour votre fils’, mais je pense que je me serais dirigé vers lui pour lui botter le cul ».

L’individualisation de la protection sociale

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Pierre Pestieau

Dans de nombreux pays à commencer par la France et la Belgique, lors de sa création, le système de sécurité sociale se référait au modèle familial traditionnel selon lequel l’homme, chef de famille, subvenait aux besoins de sa femme et de ses enfants. La femme inactive ne bénéficiait en propre d’aucun droit social, mais seulement des droits dérivés de ceux acquis par son mari : droits à une couverture maladie, à un supplément de retraite ou à une pension de survie. Lorsque l’activité féminine s’est développée et que les structures familiales ont évolué, ce modèle à été remis en cause et l’idée d’individualisation des droits a pris de la force, entendant par là que tout individu serait doté de droits personnels qui ne peuvent pas être affectés par leur situation familiale.

Sur le principe, l’individualisation des droits se défend au nom de l’aspiration à l’autonomie des individus et de l’égalité entre femmes et hommes. Elle ne poserait pas de problèmes, si l’on passait du modèle familial ancien à un modèle d’où aurait disparu le rôle de mère au foyer permanente. Or ce n’est pas tout à fait le cas. C’est ainsi qu’est apparue une solution hybride avec individualisation des droits pour la fiscalité et certaines parties de la sécurité sociale et la familialisation des droits pour d’autres parties de la sécurité sociale et pour l’assistance sociale. Une application intégrale de l’individualisation pénaliserait la femme au foyer surtout celle qui appartiendrait à un ménage à bas revenu.