mercredi 21 septembre 2016

L’Etat social: levier ou obstacle à la compétitivité ? Les performances de l’Etat providence

Pierre Pestieau 

La performance de l’Etat providence peut être envisagée de deux façons. Soit on met l’accent sur sa capacité à protéger les citoyens contre les risques de la vie et particulièrement celui de la pauvreté; soit on insiste sur l’effet qu’il peut avoir sur la compétitivité de nos économies et partant sur la croissance et l’emploi.

On peut mesurer la  performance de l’Etat providence à partir de la manière dont il remplit les objectifs qui lui sont naturellement assignés, à savoir la protection des citoyens contre des risques tels que le chômage ou la maladie, et la réduction des inégalités et de la précarité. Sur base d’indicateurs portant sur l’emploi, le revenu, la santé et l‘éducation il apparaît que la performance des Etats providence européens s’est améliorée au cours des deux dernières décennies et que celle de la France se situe dans une bonne moyenne. Rien ne garantit cependant que cette évolution favorable continue.


Quant à l’effet des politiques sociales sur la compétitivité, il est difficile de le mesurer empiriquement, les facteurs explicatifs de la compétitivité étant nombreux et complexes. Sur le long terme, ces politiques semblent avoir eu une influence positive sur la croissance des économies européennes. Ces dernières années, du fait de la crise et du chômage, le rôle bénéfique de l’Etat providence a été remis en question.  En fait ce n’est pas tant l’Etat providence mais plutôt ses disfonctionnements qui semblent faire problème. Un Etat providence efficace devrait continuer à favoriser la compétitivité de nos économies. Cela réclame de réformer son organisation et son financement pour le faire mieux réagir aux évolutions économiques et sociétales.

Quatre critiques sont généralement formulées à l’encontre de l’Etat providence. D’abord, à force d’être surprotégés par les diverses formes de protection sociale, les individus perdraient leur capacité à se débrouiller; plus encore, leurs préférences et leurs valeurs auraient changé progressivement. Ensuite, les taux de prélèvements imposés par le financement de l’Etat providence auraient un effet désincitatif sur le travail, l’investissement et le commerce extérieur. En outre, il serait à la fois inefficace dans son utilisation des ressources publiques et dans ses objectifs redistributifs. Enfin, dans sa forme actuelle, il serait inadapté aux nouvelles formes du marché du travail et plus particulièrement à ce que l’on appelle l’ubérisation de notre économie.


Il me semble important de rencontrer ces critiques afin de rendre à l’Etat providence sa capacité à soutenir et non pas freiner la croissance. C’est possible mais cela demande un courage certain de la part des responsables politiques et une prise de conscience proactive de l’ensemble des citoyens.

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