mercredi 20 mai 2015

Comparaison peut être raison

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Pierre Pestieau

Que de fois n’ai-je entendu cette phrase « Comparaison
n’est pas raison » à l’occasion de débats sur la réforme d’un ou l’autre aspect de la société française. Elle coupait court à toute discussion. Cela pouvait concerner des domaines aussi différents que les transports, la culture, l’éducation nationale, la laïcité, la fiscalité, la gestion des collectivité locales ou les modes de scrutin. Dès que quelqu’un avançait un argument du type « Dans tel pays cela marche mieux sans que ça ne coûte plus », on lui renvoyait ce proverbe couperet.


Renifleurs de pétrole, d’explosifs et de vaches suisses

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Victor Ginsburgh

Vous vous souvenez sans doute du conte des « avions renifleurs » de pétrole que Valery Giscard dit d’Estaing, ou plus exactement Elf Aquitaine a financés à la fin des années 1970. Inventeur : un belge malin du nom de comte, à ne pas confondre avec conte, de Villegas. Conséquence : une mise perdue de quelque $150 millions—un gros paquet. Bénéficiaire : une société implantée à Panama dont le président était aussi président de la banque suisse UBS, ben voyons, rien de très neuf sous le soleil.

Bref ces avions qui volaient à une hauteur de quelques
Renifleur de pétrole
milliers de mètres d’altitude étaient censés repérer des gisements de pétrole. Si mes souvenirs sont bons, mais qui sait ce que cela veut dire à mon âge, Valéry Giscard dit d’ avait fait un vol dans un de ces avions. Avec le nez qu’il avait (Giscard, pas l’avion), ça n’a pas raté, il a évidemment découvert un gisement, ce qui montre qu’il ne fallait pas investir $150 millions, le nez du président suffisait, mais c’était trop tard, les $150 millions étaient à l’abri dans une banque suisse.

mercredi 13 mai 2015

Les temps changent : De « sale Juif » à « sale antisémite » en moins de 65 ans

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Victor Ginsburgh

Le grand secret, c’est quand on n’a plus rien à cacher, et que personne alors ne peut vous saisir (Yannick Haenel, Les renards pâles).

A l’âge de 12 ou 13 ans, j’ai été traité de « sale Juif » par un surveillant bienveillant (aucun sous-entendu-bien-entendu au roman de Jonathan Littell) alors que j’étais interne dans un Athénée Royal en Afrique. Je ne savais pas trop ce que cela voulait dire et ne m’en suis pas trop fait.

A l’âge de 45 ans environ, dans une conversation silencieuse chez des amis, l’un d’entre eux a fait signe à un autre pour lui demander si j’étais Juif. L’autre a répondu par un signe lui signifiant « un demi seulement ». Donc je me retrouvais « Demijuif », ce qu’à l’époque je considérais quand même comme un progrès (au sens progressiste) par rapport à « Salejuif ».

Il se fait que, 30 ans plus tard, deux vieux amis me disent, l’un gentiment que je suis « antisémite », l’autre de façon plus virulente que lui ne l’est pas, suggérant que ce n’est pas tout à fait mon cas.

Il y a évidemment plusieurs manières de réagir à cette insulte habilement sous-entendue :

Les Congolais sautent sur Froidchapelle

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Pierre Pestieau

Je vous parle d'un temps et d’un lieu que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, Froidchapelle était un petit village de l’Entre-Sambre-et-Meuse qui vivait heureux et caché. Chimay était la ville la plus proche mais on ne s’y aventurait qu’à de rares occasions. C’était déjà l’étranger.

A deux pas de la maison familiale dans laquelle nos parents ont élevé leurs dix enfants se trouvait un café nommé la Barrière Torlet en référence à un péage de l’Ancien Régime où la gabelle était perçue. Enfants nous regardions ce tripot avec méfiance. Plus tard, quand l’Université nous eut déniaisés, nous y avons amené des amis de Louvain originaires de plusieurs continents. La tenancière bien-nommée Georgina, que Ray Charles a si bien chantée,  nous accueillait avec suspicion et sans grandes espérances. Nous n’étions pas de gros consommateurs. Un jour ma sœur s’y est rendue avec une amie chinoise de Hong Kong. Elle fut accueillie par Georgina qui s’écria « Encore une Congolaise! ». Et ma sœur de protester en lui expliquant qu’elle était chinoise et non africaine. Ce à quoi Georgina répondit en son délicieux patois. « Pour moi c’est du pareil au même. Tous les étrangers sont des Congolais ». Nous étions au début des années 60. Quelques années plus tard, un de mes frères se rend chez elle, accompagné de sa fiancée colombienne. Georgina : « Elle vient du Congo ? ». Mon frère : « Oui, bien sûr. Son père vit, avec des singes, perché dans un arbre où ils mangent des bananes ».

jeudi 7 mai 2015

Qui s’enrichit?

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Pierre Pestieau

Selon La Libre du 19 avril (1), les Belges se sont enrichis en termes réels de 40% depuis le début de ce siècle. Leur patrimoine se diviserait presqu’également en patrimoine financier et en patrimoine immobilier; le second aurait connu une augmentation beaucoup plus forte (86,7%) que le premier (15,3%).

Ce n’est pourtant pas le sentiment de la grande majorité des Belges. Comment expliquer ce paradoxe ? J’y vois 4 raisons : la disparité des patrimoines, l’asymétrie de perception entre pertes et gains, les plus-values non réalisées qui demeurent intangibles et le logement propre qui croît en valeur de revente mais pas en valeur d’usage.

On le sait notamment grâce aux travaux de Thomas Piketty, les disparités de richesse ont augmenté depuis plusieurs années avec pour conséquence que ce sont les plus riches qui ont bénéficié des dividendes de la croissance. Ceci est vrai pour les revenus mais aussi pour le patrimoine. On sait ainsi d’après une étude de la Banque Nationale que 20% des Belges les plus riches possèdent 61,2% du patrimoine national. Par contraste, les 20% des ménages les plus pauvres ne possèdent que 0,2% du patrimoine. Notons en passant que la Belgique est un des pays les moins inégalitaires ; la moyenne européenne est que 20% des ménages possèdent plus de 70% du patrimoine.

mercredi 6 mai 2015

Tiens, la société d’auteur Sabam est de retour

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Victor Ginsburgh


Partie de scrabble

Ce 28 avril 2015, je déjeunais avec un vieil ami avocat qui me « reprochait » de ne plus rien écrire sur les sociétés d’auteur, par exemple la Sabam. Ou encore, la société française d’escroquerie, dont je n’ose pas citer le nom ni l’acronyme de peur que, comme il y a quelques années, une lettre de leur avocat — qui enseigne dans la même université que moi, donc un de mes chers collègues, qui n’est pas l’ami que je cite plus haut — demande au recteur de prendre des sanctions contre moi, ce que ce dernier n’a évidemment pas fait.