jeudi 11 décembre 2014

Misère des pauvres et richesse des spécialistes

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Pierre Pestieau

Depuis plusieurs années, je fréquente la Banque Mondiale
qui fort aimablement me prête un bureau. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, la Banque Mondiale fait de la lutte contre la pauvreté une priorité à tel point que l’on ne peut pas faire un pas sans que sur un mur, une porte ou un plafond de son immeuble on ne lise les deux mots incantatoires : End Poverty. Il y a de nombreux économistes qui travaillent sur le sujet et qui se déplacent dans les pays du tiers monde pour lancer des programmes divers de lutte contre la pauvreté. Dans les bureaux de Washington des chercheurs de qualité étudient différentes facettes de la pauvreté, comment la mesurer, l’expliquer et la combattre. La Banque Mondiale est sans doute le centre de recherche qui concentre le plus de chercheurs dont les travaux sont axés sur cette thématique. Il arrive que sous forme de boutade l’on ose dire : que deviendraient tous ces gens si la pauvreté disparaissait du jour au lendemain ? A mon avis le même sort que les soviétologues qui ont fini dans l’anonymat ou sont devenus des spécialistes de la transition. Les uns se réadapteraient à de nouveaux thèmes, par exemple les riches et leurs angoisses, et d’autres sombreraient dans la dépression.

Lucy

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Victor Ginsburgh

Vous avez sans doute tous oublié d’où vient Lucy. D’une chanson des Beatles que vous pouvez retrouver sur :


Et cette chanson a donné son nom à une Lucy trouvée
en Ethiopie le 24 novembre 1974, au son d’un enregistreur sur lequel défilait la bande (il n’y avait pas de CD à l’époque) avec la chanson Lucy in the sky with diamonds. Lucy vient donc de fêter ses quarante ans, mais en fait, elle est née il y a plus de 3,2 millions d’années. Donald Johanson, l’anthropologue qui l’a découverte vient de donner, à ce sujet, une bien émouvante interview à Newsweek (1).

Lucy est cette petite australopithèque (australopithecus afariensis) qui est un des premiers singes à avoir marché comme un être humain, mais dotée d’un cerveau trois fois plus petit que le nôtre, ce qui nous donne trois plus de pouvoir de nous en servir mal, comme je le montre en fin d’article.

A la question posée à Johanson s’il considère Lucy comme un membre de sa famille, il répond sans hésitation « Oui, bien sûr », mais « elle ne parlait pas, si ce n’est comme n’importe quel autre animal, par cris, aboiements et signes visuels », elle n’était pas encore une artiste et mesurait 110 cm de haut. Il faudra attendre  3,150 millions d’années de plus pour qu’apparaissent langage et art, il y a à peine 50.000 ans. Elle était donc, dit Johanson, bien plus proche du singe que de la femme (politique du genre m’oblige). « Et sa popularité, ajoute-t-il, est partiellement due à son prénom Lucy, qui se traduit Dinkinesh (vous êtes merveilleuse) en ahmarique. Si nous l’avions appelée Géraldine, elle serait sans aucun doute moins connue ».

vendredi 5 décembre 2014

Sexe et robots

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Victor Ginsburgh

Kevin Kelly, le fondateur de la revue Wired (fondée en 1993, 850.000 exemplaires par mois) s’intéresse à  manière dont les nouvelles technologies
Fresque de Michel Ange (détail)
changent le monde culturel, politique et économique. Il vient d’écrire un article (1) dans lequel il prétend que l’intelligence artificielle est enfin à nos portes. Les machines ne seront pas aussi intelligentes que l’ordinateur HAL 9000 dans 2001, l’Odyssée de l’Espace d’Arthur Clarke et Stanley Kubrick, mais elles pourront quand même conduire votre voiture, diagnostiquer votre malaise ou maladie, traduire, et remporter toutes les parties possibles et imaginables d’échecs.

mardi 2 décembre 2014

La piété filiale serait-elle un mythe?

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Pierre Pestieau

Dans la plupart des sociétés, les enfants viennent en aide à leurs parents. C’est le cas des enfants qui aident leurs parents dépendants ou ceux qui expatriés continuent à leur verser une fraction de leurs revenus. Certes ces transferts ascendants sont en moyenne moins importants que les transferts descendants, dont les formes principales sont l’éducation et les legs, mais ils sont plus surprenants dans la mesure où leurs motivations sont moins claires. Rien n’est plus naturel que l’amour que les parents portent à leurs enfants ; en revanche la réciproque l’est moins.

Citons à ce sujet un philosophe bien oublié, au nom qui
fait plutôt penser à Astérix, Helvétius, qui a disserté sur les haines et amours familiales. On lui doit le proverbe fondé sur une observation constante : « L’amour des parents descend et ne remonte pas. » Il entend par là que l’amour des père et mère pour les enfants surpasse celui des enfants pour les père et mère. La nature, veillant à la conservation des espèces, a voulu donner la plus grande énergie au sentiment paternel et maternel, afin d’enchaîner les parents à tous les soins nécessaires pour protéger la frêle existence des enfants; elle agit ainsi dans tous les animaux comme dans l’homme.