jeudi 20 mars 2014

Karl Marx, la gauche et le bon vin


Victor Ginsburgh

Des recherches récentes en psychologie et sociologie du vin ont montré qu’il existe une connexion entre opinions politiques et comportements nocifs tels que consommation excessive de vin. Ceux qui seraient politiquement orientés à gauche boivent davantage que leurs « collègues » de droite.

Il est vrai que le père de Karl Marx était l’heureux propriétaire d’un vignoble à Mertersdorf dans les environs de Trêves (Allemagne). Ce vignoble existe toujours et produit un pinot noir dont l’étiquette représente le barbu. Lors d’une visite au Karl Marx Haus en 2008, j’ai acheté deux bouteilles de ce vin. J’en ai bu une (c’est buvable, mais pas génial) et je garde la deuxième pour la boire le 5 mai 2018, date du bicentenaire de la naissance du personnage. A moins que je ne choisisse le 25 mai 2014, jour des élections législatives en Belgique. Mais cela dépendra des résultats de mon parti favori… 

Marx est amateur de vin depuis son jeune âge. En 1835, il a 17 ans, et entre à l’Université de Bonn. Il devient membre d’un club de soiffards (la Taverne de Trêves), dont il sera plus tard le président. Voici ce qu’il écrit :

« Etant originaire d’une région viticole et ex-propriétaire d’un vignoble, j’apprécie bien la valeur du vin. Je pourrais même suivre la pensée du vieux Luther qu’à qui n’aime pas le vin, rien ne réussit. »

On ne sait pas trop s’il a continué à boire et à croire à ce qu’il avait fait quand il était jeune, après avoir écrit le Manifeste et le Capital.

Dans une étude qui vient de paraître (1), les auteurs ont étudié la relation entre les opinions politiques, et la consommation de bière, vin et autres boissons alcooliques dans 50 états américains pour lesquels il existe un index politique sur l’axe libéral-conservateur.

L’étude montre que toutes autres choses étant égales, les consommateurs qui vivent dans des états devenus plus libéraux au cours du temps (1960 à 2008), boivent plus que ceux des états conservateurs (ce qui n’est pas étonnant, y a qu’à regarder la tête des fanas du tea party). Mais c’est surtout la consommation de bière et d’alcools qui a augmenté, alors que celle de vin a diminué.

Le pauvre Karl se retourne dans sa tombe.



(1) Pavel Yakovlev and Walter Guessford, Alcohol consumption and political ideology: What’s party got to do with it?, Journal of Wine Economics 8 (2013), 335-354.

1 commentaire:

  1. Amusant... et à ne pas prendre au sérieux, sans doute!
    Si cette étude était faite en Autriche, j'imagine que serait grand le nombre de gens d'extrême-droite qui aiment le vin ! (La bière aussi, sans doute.)
    Et en France...

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