vendredi 29 novembre 2013

J’admire comme on peut mentir en mettant la raison de son côté (1)

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Victor Ginsburgh

Voici quelques exemples de « grands » personnages que nous devons tous admirer pour leur pouvoir de mentir en mettant la raison de leur côté. Mais le ridicule ne tue plus.
 
A tout seigneur, tout honneur. George W. Bush parlant devant un auditoire de 1.200 personnes en octobre 2013 (2) explique : «  Je ne croirai pas aux intentions pacifiques de l’Iran jusqu’au moment où les Iraniens les prouveront ». Applaudissements nourris des invités ! Amusant pour quelqu’un qui avait prouvé qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak.

A cette même occasion, Bush a longuement expliqué que les Etats-Unis étaient enclins à s’isoler, et qu’il faudrait rappeler à Obama que le pays dont il est le Président devrait soutenir davantage la paix et la démocratie. Ce monsieur qui ose utiliser le mot « paix » prête non pas à sourire mais à fourire

Où sont les économistes francophones ?

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Pierre Pestieau

Le congrès des économistes belges de langue française (1) qui vient d’avoir lieu, portait sur l’Etat social belge. Je préfère quant à moi le terme d’Etat providence. Au moment où il a fallu trouver des orateurs pour la session plénière et pour la Commission portant sur les inégalités dont j’avais la charge, on s’est aperçu qu’il n’y avait pas de spécialistes de l’Etat providence en Belgique francophone. Les noms qui revenaient étaient ceux de collègues flamands tels que Frank van den Broek, Erik Schokkaert et Bea Cantillon, sans parler des nombreux jeunes chercheurs qui travaillent avec eux à Anvers et à Leuven. C’est d’ailleurs eux que nous avons invités. Cela peut s’expliquer à mon sens mais c’est inquiétant quand on pense que c’est en Francophonie et non en Flandre que l’Etat
providence connaît et connaîtra de graves difficultés du fait de la régionalisation en marche et d’un taux d’emploi désespérément bas.

Comment expliquer cette pauvreté de la réflexion sur l'Etat providence chez les Belges francophones, qui en ont pourtant tant besoin? Il y a au moins 3 raisons:

(a) L'étroitesse de la société francophone: à peine 4 millions de personnes, dont certaines ont le regard sans cesse tourne vers la France.

(b) Nos meilleurs économistes sont des théoriciens davantage tournés vers l'étranger, le monde anglo-saxon qui fait les réputations.

jeudi 21 novembre 2013

Les bonnes intentions I

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Pierre Pestieau

Bilinguisme aux Etats-Unis
Ces derniers temps, je me suis aperçu que certaines politiques apparemment souhaitables peuvent avoir des effets pervers inattendus : il n’y a pas que l’intention qui compte. Deux exemples. La parité dans les études universitaires et le bilinguisme anglais espagnol qui règne dans plusieurs parties des Etats Unis.

Dans une étude récente, Borjas, un des meilleurs spécialistes de l’immigration, montre que les immigrants américains connaissent des évolutions salariales beaucoup moins favorables aujourd’hui qu’il y a plusieurs décennies (1). Ce serait particulièrement vrai des immigrants d’origine latino-américaine et une des raisons invoquées semble être le bilinguisme anglais espagnol. Du fait de ce bilinguisme, il est possible de vivre sans apprendre l’anglais, ce qui peut être un handicap professionnel.

Les bonnes intentions II

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Victor Ginsburgh

Enfin une décision intéressante du gouvernement wallon (1): Les grandes surfaces seront livrées durant la nuit pour réduire les embouteillages dans les villes durant la journée. Il en faudra bien plus pour les éviter, et je suggère d’étendre cette sage décision aux circonstances suivantes.


(a) Il est évident que les camions à remorques qui traversent (avec grandes difficultés) nos rues devraient se promener la nuit. 

(b) Sans parler des immenses grues et camions de déménagement.

(c) Et du ramassage des poubelles qui devrait être fait à l'aube. C’est déjà comme ça à New York. J’ai l’ai vécu, et je me suis réveillé en me demandant si on déménageait l’immeuble ou plus simplement mon lit, mais je suis toujours là, donc ce n’était ni l’un ni l’autre.

jeudi 14 novembre 2013

Groupes de pression et Commission Européenne

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Victor Ginsburgh

Bruxelles : Quelque 6.000 firmes, cabinets d’avocats et autres et 30.000 lobbyistes qui exercent une pression considérable pour que les réglementations de la Commission et du Parlement Européen (1) leur soient favorables.

Leur rôle est rendu un peu plus difficile qu’aux Etats-Unis parce que le système européen ne permet pas aux entreprises de faire des « dons » généreux aux élus et de « soutenir » leurs campagnes électorales, ce qui exclut (en tout cas officiellement) une certaine forme de corruption permise Outre-Atlantique. Mais ceci est largement compensé par la non-existence en Europe de certaines règles éthiques minimales, en permettant à des fonctionnaires d’utiliser leurs connexions dans les administrations publiques le lendemain du jour où ils les quittent. 

Officines politiques

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Pierre Pestieau

Tout lecteur assidu du Canard Enchaîné est familiarisé avec la réalité des officines, ces organisations poursuivant un but politique de manière secrète. Le journal satirique les a dénoncées à plusieurs reprises. Il en fut aussi la victime lors d’affaires demeurées célèbres. C’est surtout aux Etats Unis que ces organisations jouent un rôle dévastateur pour la démocratie. J’en donnerai deux exemples récents.

Il y a d’abord les officines qui ont noms « Freedom partners », « Generation opportunity », ou « Heritage » qui sont à l'origine des campagnes récentes contre l’Obamacare (1) et ont mené au blocage récent du gouvernement américain. Elles sont généreusement dotées par les frères Charles et David Koch, qui ont mis leur immense richesse au service de leur obsession : déstabiliser le socialiste Barack Obama. Depuis des mois, cette galaxie d’organisations a conçu, organisé et scénarisé la crise budgétaire qui a secoué l'Amérique. Elle a profité d'une concomitance exceptionnelle entre le vote de la loi de finance, l'entrée en vigueur de la loi sur l'assurance santé et la date butoir pour relever le plafond de la dette. Le chantage était simple : pas de vote du budget ni de déplafonnement de la dette sans report de l'Obamacare. Cette stratégie a momentanément échoué mais ce n’est que partie remise.

mercredi 6 novembre 2013

Tout fout l’camp

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Pierre Pestieau

Il m’arrive de m’étonner en lisant ça et là qu’une partie de la population qui vivait naguère dans l’ « enfer » soviétique et qui depuis plus de deux décennies connaît les joies du « paradis » capitaliste manifeste une certaine nostalgie pour le passé. Certes elle ne connaissait ni le luxe ni la liberté mais bien une certaine forme de sécurité.

Nous aussi dans notre vie quotidienne, nous sommes soumis à une série de contrôles et de comptabilisations qui nous font parfois regretter un monde sans doute moins efficient mais plus rassurant.

Cette réflexion m’est venue à l’esprit lorsqu’il y a peu je me suis aperçu que dans le centre de recherche où je travaille l’impression de documents nous était comptée nominalement et facturée en conséquence. Même réaction lorsqu’il a fallu payer pour les chèques bancaires émis, pour le parking au bureau, pour les immondices, … toute une série de biens ou de services qui paraissaient gratuits et que tout à coup on doit payer à l’unité. Quand quelqu’un s’en plaint, je tâche de lui expliquer qu’il est optimal de faire payer ces biens et services qui ont un coût réel et qui, jusqu'ici, était mal utilisés parce que gratuits. L’exemple typique est celui de ces chèques de quelques euros qui coûtent bien plus à l’institution bancaire. Ou encore le Mexique d’il y a 40 ans où les petits pains, que les Bruxellois appellent des pistolets, étaient quasiment gratuits et débordaient de certaines poubelles. Anticipant sur les prochaines années, un jour viendra où l’accès à l’internet et à SKYPE sera payant. On aura aussi à ce moment-là le sentiment de la perte d’un droit que l’on croyait acquis.

Les biblioburros, ou ânes porteurs de livres

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Victor Ginsburgh

Un article paru récemment dans la revue Science (1) fait état d’expériences relatives aux états mentaux qui rendent possible les relations sociales complexes caractérisant les sociétés humaines. Les auteurs montrent qu’il vaut beaucoup mieux lire des romans littéraires que des romans populaires ou de la non-fiction. Le roman littéraire mène à plus d’empathie, de perception sociale et d’intelligence émotionnelle que les autres genres.

L’article du New York Times (2) qui rapporte les résultats conclut en suggérant de lire plutôt Tchékhov ou Alice Munro (3) qu’une œuvre de qualité douteuse et vite faite (potboiler) de Danielle Steel, l’auteure américaine qui apparaît 31 fois entre 1984 et 2000 dans les listes annuelles des 10 ouvrages les plus vendus aux Etats-Unis.