jeudi 19 décembre 2013

Evaluer l’inévaluable : la performance de l’enseignement universitaire

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Pierre Pestieau
MIT: le temple du sçavoir

Même si tout le monde s’accorde à critiquer la méthodologie qu’ils utilisent les classements universitaires internationaux de l’université Jiao Tong de Shanghai et de la revue Times Higher Education donnent une tête de peloton qui fait l’unanimité. Il est difficile de mettre en doute l’attribution des premières loges  à des institutions comme Harvard, MIT, Berkeley ou Oxford. Pour rappel, le tout dernier quinté gagnant de Shanghai était, dans l’ordre, Harvard, Stanford, Berkeley, MIT et Cambridge Angleterre et celui du Times, CALTECH, Harvard, Oxford, Stanford et MIT. La recherche qui y est menée est excellente; leur influence dans le débat des idées est incontestable et leurs étudiants n’ont aucune difficulté à trouver un emploi. Bref le rêve pour toute institution universitaire. Que la vieille Europe soit systématiquement absente des premières loges est incompréhensible pour certains et frustrant pour d’autres.


Immanquablement se pose la question de l’évaluation de l’enseignement, universitaire en l’occurrence. Est-ce possible et si oui comment? Dès l’abord, une première remarque. Les deux  classements précités sont utiles pour indiquer les grandes tendances mais dès que l’on entre dans le détail, ils ne sont guère informatifs. La manière dont les universités belges sont classées ne permet pas d’éclairer le décideur public. Le premier défaut de ces classements est leur niveau d’agrégation. Il vaudrait mieux procéder par disciplines, quitte à agréger en final les résultats des évaluations sectorielles.

mercredi 18 décembre 2013

Impressions en trois dimensions

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Victor Ginsburgh
 
Après le cinéma 3-D, ce sont les imprimantes 3-D qui font fureur, avec des bonheurs et des malheurs variés.

Le bonheur d’abord, la brosse à dents qui nettoie vos dents en six secondes, alors que moi je mets six minutes par jour, et encore, je passe quatre fois par an au détartrage qui me coûte chaque fois € 80 et qui n’est remboursé qu’une fois par an. Ce détartrage est rehaussé de menaces de mon dentiste qui me prédit des implants ou un dentier d’ici quelques années. Il me rassure cependant en m’expliquant que le dentier est remboursé, à l’inverse des implants qui coûtent évidemment dix fois plus cher.

jeudi 12 décembre 2013

L’écrit et l’iPad

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Victor Ginsburgh

MerdRe, comme disait si bien Ubu Roi, il y a quelques mois, on m’a averti (pas personnellement bien sûr) que l’abonnement de trois ans que je venais de souscrire à Newsweek ne sera pas honoré, et que mon hebdomadaire (presque) favori sera remplacé par du virtuel servi sur un iPad que je ne possède évidemment pas. Je suis donc un vieux consommateur baisRé, avec le même R qu’Ubu prononçait si bien.

Il se fait que, par hasard, j’ai aussi lu que le Secrétaire d’Etat américain à l’Education, un certain Arne Duncan, s’est récemment prononcé pour que les écoles américaines remplacent le plus rapidement possible les manuels scolaires que vous et moi avons connus par des manuels digitaux (1). Et la raison donnée est magnifique : La Corée du Sud, qui fait mieux que les Etats-Unis sur le plan de l’enseignement (2), adopte l’enseignement digital, donc si un bon enseignement adopte le digital, c’est que le digital est meilleur que celui qui utilise le papier. Encore quelqu’un qui ne comprend pas la différence entre corrélation et causalité. Mais un Ministre de l’Education Nationale ne peut pas avoir tort, donc il a raison.

mardi 10 décembre 2013

Australie. Si lointaine et si proche

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Pierre Pestieau

Je viens de faire un séjour de plus de trois semaines en Australie et j’aimerais livrer quelques réflexions sur ce voyage. A la fois, j’ai mauvaise conscience de faire des commentaires qui pourraient paraître désobligeants pour des personnes hypersensibles. Après tout, j’ai été accueilli par des gens charmants  et il n’est pas séant de déblatérer à leur sujet à peine repris le chemin du retour.

Ma première impression est que les Australiens se sentent beaucoup moins isolés qu’ils ne l’étaient il y a un demi siècle et même il y a une dizaine d’années, lors d’un premier séjour. Les moyens de transport sont moins chers et nettement plus rapides mais surtout ils sentent que le centre de gravité du monde se déplace et se rapproche d’eux. Leur politique migratoire et culturelle est davantage tournée vers l’Asie.

mardi 3 décembre 2013

A quoi ca sert?

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Pierre Pestieau

Récemment, Angus Deaton un des spécialistes de l’économie du développement a publié un livre intitulé La grande évasion en référence au film éponyme (1). Ce livre porte sur les progrès qu’ont connus les sociétés contemporaines en termes de réduction de la pauvreté et d’allongement de la durée de vie. Dans un chapitre excentrique, Deaton traite de l’aide au
pays en développement pour la dénoncer et en recommander la suppression. Inutile de dire que c’est la partie de son livre que de nombreux medias ont retenue. Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à ce type de recommandations extrêmes. Tel remède ne donne pas les résultats escomptés, supprimons-le. Il y a près de 50 ans, Deaton et moi avions 20 ans, Ivan Illich sortait ses deux ouvrages fameux sur l’école  et la médecine (2). Il montrait avec beaucoup de subtilité que la plupart des dépenses de santé ne servaient quasiment à rien; de même, de nombreux investissements dans l’éducation n’avaient que peu d’utilité. Et bien, supprimons l’école et les systèmes de santé.

dimanche 1 décembre 2013

Changements climatiques et violence

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Victor Ginsburgh

On a bien trop peu parlé dans la presse d’une étude qui s’est intéressée à l’influence des changements climatiques sur la violence et les conflits et qui a paru dans la rubrique « surprising science » sur le site web de la Smithsonian Institution. La radio belge quant à elle, a interviewé un « sçavant » (du style des Femmes Sçavantes de Molière) qui expliquait que tout cela était connu des « sçavants » depuis bien longtemps.

Bien sûr, on a souvent parlé des conséquences du changement climatique sur la montée des mers ou la désertification qui engendrent des migrations, des réductions de terres arables, et des augmentations de prix des aliments. Mais ce n’est pas ce dont il s’agit ici.

Voici ce qui a été écrit à ce sujet dans deux articles récents publiés dans Science (1) et dans Nature (2). Les auteurs des deux études ont procédé à un examen (que l’on qualifie de méta-étude) de quelque 60 articles et livres scientifiques sur la question. Ces études convergent vers le même résultat, à savoir que quelle que soit la région du monde et l’époque (et ils remontent à 10 000 ans avant notre ère), le changement climatique est non seulement corrélé à la violence, aux conflits et à l’instabilité politique, mais est aussi une cause (pas la seule) de ces phénomènes, y compris entre 1950 et aujourd’hui.