jeudi 18 avril 2013

Sans issue


Pierre Pestieau

Depuis plusieurs années et, en particulier depuis le début de la crise, les discours sur les remèdes à y apporter sont d’une affligeante banalité. On assiste à un jeu de rôles stérile. Trois camps s’opposent même si certaines alliances se font, tout en étant passagères. Il y a d’abord les partisans de l’anti (ou alter) mondialisation qui voudraient un retour aux frontières de leurs grands parents et aux politiques nationales de protection ; en clair, un rejet de l’Europe et de l’euro. Il y a ensuite ceux qui pensent que l’avenir est dans une Union européenne renforcée  avec des accords et des institutions qui permettent  d’éviter les comportements individualistes et désordonnés que l’on observe aujourd’hui. Il y a enfin ceux qui voient dans le marché la source de tous les maux et voudraient le réguler beaucoup plus que ne le font les Etats européens.

Le (seul) avantage de ces positions tranchées est qu’elles donnent lieu à des joutes oratoires qui font le bonheur des organisateurs de débats. Dans des émissions télévisées comme Mise au point, C’est en l’air ou Ce soir ou jamais, on retrouve souvent les mêmes avocats de ces trois camps. L’inconvénient est que chacune des positions défendues est sans issue pour des raisons différentes.

Le retour au protectionnisme n’est pas viable surtout s’il est pratiqué à l’échelon de la nation. On pourrait certes défendre un certain protectionnisme au niveau de l’Union Européenne pour répondre à celui que pratiquent les autres blocs, les Etats Unis ou les BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine).

L’idée d’une coopération européenne qui dépasserait les égoïsmes nationaux est utopique. Certains économistes pensent qu’en ces temps de crise, il faudrait faire une pause dans l’austérité et procéder à une relance de la demande coordonnée par l’Europe. Cette solution ne me paraît pas réaliste. Nous vivons plus que jamais dans un monde ou les intérêts nationaux transcendent les idéaux européens des pères fondateurs.

Enfin, il y a le rejet du marché. Il ne fait pas de doute que le marché tout-puissant conduit à des dérives, dont les plus immédiates sont les crises financières et budgétaires dont nous souffrons. Il faudrait le réguler mais qui peut le faire? Le régulateur naturel, l’Etat, est devenu progressivement impuissant ; il a perdu de sa crédibilité pour des raisons diverses. Il y a ceux que cela arrange. Il y a les défenseurs traditionnels d’un Etat régulateur, mais ils sont divisés sur la marche à suivre. Il y a enfin cette Europe qui en limite les marges de manœuvre.

Pour conclure ce billet qui ne respire pas l’optimisme, on ne peut s’empêcher de songer à la montée de l’extrême droite et surtout à la banalisation de ses idées dans l’opinion.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire