jeudi 13 septembre 2012

OK Corral à Washington


Pierre Pestieau

Avec les conventions qui se terminent, la campagne présidentielle américaine démarre vraiment avec son côté OK Corral. C’est le moment où l’on reçoit la liste des économistes ou des acteurs qui soutiennent l’un ou l’autre candidat. Dans la longue liste des économistes apportant leur soutien a Romney, rien d’étonnant. Il s’agit des traditionnels conservateurs souvent affiliés à des institutions ultra-liberales comme le Hoover Institute ou l’Université George Mason. Parmi les noms connus : Gary Becker, Jim Buchanan, Martin Feldstein, Robert Barro. Les deux premiers ont eu le Nobel ; les deux autres l’attendent. C’est plutôt reconfortant. Aucune mauvaise surprise. J’aurais été déçu de ne pas les y trouver. Idem pour les acteurs où apparaissent notamment les supermusclés tels que Sylvester Stallone, Schwartzy, JCVD et quelques autres. La plupart sont à l’affiche du nouveau chef d’œuvre d’Hollywood : The Expandables 2. Seule déception, attendue il est vrai, Clint Eastwood, un vrai Docteur Jeckill et Mister Hyde. Il reprend ainsi son rôle de justicier solitaire, son personnage de « Dirty Harry » et  nous fait oublier les nombreux films qui tels Gran Torino ou les Unforgiven révèlent un artiste complexe et sensible.

Mais ce qui se passe aux Etats-Unis est beaucoup plus sérieux que ce jeux de people.  Comme le démontre David Brooks dans un éditorial récent du New York Times (1) jamais l’opposition entre républicains et démocrates  n’a été aussi tranchée qu’aujourd’hui. A terme cela risque de conduire à une paralysie du pouvoir, dont le premier terme d’Obama nous a donné un avant-goût. Cettte opposition se retrouve surtout dans le domaines des valeurs. Les républicains d'aujourd'hui croient fermement que les gens doivent eux-mêmes déterminer leur propre destin. Selon un sondage du Pew Research Center (2) que Brooks cite, 57 pour cent des républicains croient que les gens sont pauvres parce qu'ils ne travaillent pas. Seulement 28 pour cent croient qu’ils sont pauvres en raison de circonstances indépendantes de leur volonté. Chez les démocrates, ces pourcentages sont respectivement 24 et 61. Ces mêmes républicains croient que si le gouvernement cesse de les aider, ces pauvres réussiront, parce qu’ils ont les qualités innées qui devraient le leur permettre.

L’opposition entre républicains et démocrates sur un ensemble de valeurs sociétales n’a pas cessé d’augmenter depuis 8 ans. Elle domine toutes les autres qui pouvaient exister entre les races, les sexes et les classes de revenu. Les domaines où elle se manifeste surtout sont le filet de sécurité sociale, l’environnement et les syndicats, bien plus, par exemple, que l’immigration, la religion ou la sécurité nationale.

La campagne qui ne fait que commencer risque d’être dure mais ce qui est plus grave c’est qu’à moins d’avoir un congrès et un président démocrates, on doit s’attendre, après le 6 novembre, à la paralysie du système politique, ou à la régression sociale. 

(1) A party of strivers, New York Times 30/8/2012 <http://www.nytimes.com/2012/08/31/opinion/party-of-strivers.html?emc=eta1>
(2) <http://www.people-press.org/2012/06/04/partisan-polarization-surges-in-bush-obama-years/>

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire