samedi 2 juillet 2011

Y a de la joie !

Pierre Pestieau

Personne ne peut dire ce que nous réserve l’avenir institutionnel de notre pays. Ce qui est certain en revanche, c’est que dans le meilleur des cas, la Wallonie et plus largement la communauté française y perdront, à moins de parier sur un sursaut patriotique qui, si nous sommes mis devant nos responsabilités, nous pousserait à retrousser nos manches et modifier nos comportements. La Wallonie bénéficie aujourd’hui encore d'une série de transferts directs et indirects qui augmentent son revenu disponible moyen de près de 10%. Perdra-t-on ces 10% dans les prochaines années ? Peut-être pas tout, mais certainement une partie. C’est tout l’enjeu des négociations actuelles.

Mais plutôt que d’évaluer ce que l’on pourrait perdre voyons où se situe aujourd’hui la Wallonie par rapport à la Flandre, à la Belgique et à nos voisins. Cela nous permettra de mieux appréhender ce qui nous attend. La plupart des comparaisons sont basées sur des indicateurs partiels : chômage, revenu disponible, pauvreté, inégalités, santé. Nous avons choisi d’agréger ces différents indicateurs partiels pour obtenir un indicateur synthétique d’inclusion sociale. Plus cet indicateur est élevé plus le pays (ou la région) concerné est en bonne santé, a un niveau d’éducation satisfaisant, un faible taux de pauvreté, de faibles inégalités de revenus et un taux d’emploi élevé. On dispose heureusement de bonnes statistiques européennes pour procéder à ces calculs. Ces statistiques, publiées depuis une dizaine d’années, ont un objectif simple : en montrant à chaque pays où il se situe par rapport ses voisins dans ces cinq domaines et bien d’autres, ils serait encouragé à se rapprocher des meilleurs. C’est ce qu’en jargon européen, on appelle la Méthode Ouverte de Coordination. On pourrait parler de Concurrence par Comparaison.

Nous avons ainsi comparé sur plusieurs années, les 15 pays membres de l’Union Européenne avant l’élargissement à l’est. Le score maximum est normalisé à 100. Pour l’année 2009, la Suède est sans surprise classée première. La Belgique a un score de 60 ; la Flandre et de la Wallonie en sont respectivement à 80 et 35. Par comparaison, la France a un score de 72 et les Pays Bas de 85. Le Portugal permet à la Wallonie de sauver l’honneur en échappant à la lanterne rouge. Pour les 5 dernières années, le score de la Wallonie stagne alors que ceux des autres pays et régions augmentent.

Deux remarques sur ces scores. Ils ne sont pas surprenants car d’une certaines manière ils cumulent des problèmes divers (emploi, santé, exclusion sociale et formation) que la Wallonie ne parvient pas à résoudre depuis plusieurs décennies. On peut certes ergoter sur la méthode d’agrégation ou sur le choix de certains indicateurs. Nous avons pris ceux que l’Europe mettait à notre disposition. Nous avons adopté d’autres méthodes d’agrégation et des indicateurs alternatifs. Le diagnostic changeait à peine.

La conclusion est claire : soit on distribue, selon les générations, du prozac ou de l’herbe, soit on se ressaisit à tous les niveaux de responsabilités et on arrête de se raconter des histoires. Comme dans la chanson de Trenet, il faut sortir du rêve et se remettre au turbin.

1 commentaire:

  1. Ce billet me fait penser à une autre chanson de Trenet, qui dit: "Non, ficelle. Tu m'as sauvé de la vie. Ficelle Soit donc bénie. Car grâce à toi. J'ai rendu l'esprit. Je m'suis pendu cette nuit. Et depuis. Je chante ...". :)
    Bon, on se retrousse les manches et les zygomatiques...

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