samedi 2 juillet 2011

Ces drôles de dames (et de messieurs) qui gouvernent la finance mondiale

Victor Ginsburgh

Christine Lagarde a été désignée ce mardi 28 juin directrice générale du Fonds Monétaire International, remplaçant ainsi Dominique Strauss-Kahn.

Dame Lagarde reste néanmoins sous la menace d'une enquête pénale pour abus d’autorité dans l'affaire de l'arbitrage ayant rapporté, en 2008, 285 millions d'euros au gentilhomme Bernard Tapie. A suivre.

Monsieur Strauss-Kahn a démissionné de son poste pour les raisons que nous connaissons. Il faut tout de même rappeler qu’il a aussi été mêlé à des tripatouillages pas tellement catholiques dans plusieurs affaires en 1999. Il est mis en cause dans l'affaire de la MNEF pour son rôle de consultant dans la négociation de l'entrée de la Compagnie générale des eaux au sein d'une holding de la MNEF. Il est également l'objet de soupçons d'emploi fictif dans une filiale du groupe pétrolier ELF Aquitaine, au profit de sa secrétaire. Il est mis en cause dans une sombre affaire de cassette vidéo qu’il aurait tenue cachée à la justice, dont, dit-il, il n’avait jamais regardé le contenu et dont il ne savait même plus où il l’avait mise. Relaxe, non-lieu, blanchi, presque re-blanchi, bref rien de tout ça n’a jamais existé.

Mario Draghi est appelé à remplacer Jean-Claude Trichet au poste de Président de la Banque Centrale Européenne.

Monsieur Draghi a été de 2002 à 2005 vice-président de la branche européenne de la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, celle-là même qui, entre 2001 et 2002 a aidé la Grèce à dissimuler une partie de sa dette publique gigantesque. La chose sera dévoilée en 2010, en raison de la crise américaine des subprimes. On connaît la suite. On connaît aussi la réaction de M. Draghi aux accusations portées contre lui : Il ne savait rien de l’affaire. Donc, il ne peut évidemment pas être tenu pour responsable.

Monsieur Trichet a été mis en examen en 2000 parce qu’il était soupçonné d’avoir approuvé des comptes du Crédit Lyonnais trafiqués pour minimiser des pertes financières. Il est relaxé en 2003 par le tribunal correctionnel. En 2008, la cour d'appel de Versailles autorise cependant la poursuite de la procédure civile contre lui dans le cadre de cette affaire. A suivre maintenant qu’il va quitter la Banque Centrale.

Jacques Attali devient en 1990 le premier président de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement.

En 1991 la presse britannique commence à diffuser des soupçons sur la gestion de l'institution et sur les travaux immobiliers lors de la construction de la banque. Monsieur Attali explique que « les travaux en question avaient été réalisés sous la responsabilité d'un groupe de travail international dont [il] ne faisait pas partie ». Il quitte la Banque et reçoit pour sa gestion le quitus du conseil des gouverneurs. Par la suite, il doit faire face à plusieurs accusations de plagiat. En 2001, il est mis en examen pour « recel d'abus de biens sociaux et trafic d'influence » dans l’affaire de l’Angolagate (vente d’armes à l’Angola en guerre à l’époque des faits). Il est relaxé « au bénéfice du doute » en 2009 et peut se remettre au plagiat.

Paul Wolfowitz devient Président de la Banque Mondiale en 2005. Alors qu’il se présentait comme le croisé contre la corruption dans les pays en développement, il se fait prendre lui-même dans une affaire de favoritisme dans ladite banque et doit la quitter en 2007. Faut-il rappeler qu’avant de devenir Président de la banque, il est aussi un de ces néocons qui excitent Bush en lui faisant miroiter les armes de destruction massive stockées en Irak, ce qui finira comme on sait. Disparu sans (me) laisser d’adresse.

La Palme d’Or va néanmoins au plus fou de tous, au roi des fous, aussi fou que le Docteur Folamour de Stanley Kubrick, le dénommé Alan Greenspan, Président de la Banque Fédérale Américaine de 1987 à 2006. Son « honnêteté » l’a finalement amené à reconnaître qu’il n’aurait jamais pensé que les subprimes, engendrées par sa politique monétaire, allaient mener à la crise dans laquelle nous sommes toujours embourbés. N’a bien sûr jamais été inquiété. Il s’est trompé, cela arrive à tout le monde.

Un grand merci à tous ces personnages hors du commun…

1 commentaire:

  1. Amartya Sen : "L'euro fait tomber l'Europe"

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/07/02/l-euro-fait-tomber-l-europe_1543995_3232.html

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